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INFOLETTRE
Avril 2023
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La conquête, 50 ans plus tard

Parmi ces quelques films qu'on retrouve inexplicablement dans l'angle mort de l'histoire du cinéma québécois, il y a La conquête de Jacques Gagné, sorti dans la quasi-indifférence générale en avril 1973. Pourtant, 50 ans plus tard, le film de Gagné mérite d'être redécouvert.

D'abord monteur à Radio-Canada, Jacques Gagné a réalisé de nombreux documentaires touchant à plusieurs aspects de la société, dont la culture avec son remarquable Situation du théâtre au Québec (1969). On le retrouve également producteur chez Onyx Films et aux Productions Carle-Lamy. C'est d'ailleurs au sein de cette dernière boîte que sera produit son premier long métrage de fiction, La conquête, dans lequel deux intellectuels montréalais de passage à Québec se rencontrent: lui, Laurent, sociologue venu manifester devant le Parlement et elle, Françoise, enseignante devant participer à un colloque. À Québec, sur les lieux mêmes de la Conquête de 1759-1760, ces jeunes Québécois s'aimeront d'un amour fou l'espace d'une fin de semaine, au bout de laquelle ils décideront de se donner un hypothétique rendez-vous plutôt que de poursuivre leur passion. Le constat de l'impuissance de l'intellectuel québécois est implacable, et sa mise en perspective avec l'Histoire nous la rend insupportable.

Boudé par la critique qui l'a davantage ignoré que descendu, La conquête n'a pas fait long feu au Cinéma Chevalier (rue St-Denis, coin de Maisonneuve) où il était sorti. On l'a décrit bavard, littéraire, un peu gauche (façon détournée de lui reprocher d'être gauchisant?) et trop intellectuel… En regardant le film aujourd'hui, ces épithètes font sourire sachant que le scénario était signé par la poétesse et dramaturge Michèle Lalonde, artiste engagée à qui on devait le célèbre Speak White, poème-phare de la Nuit de la poésie du 27 mars 1970 (animée par Michelle Rossignol, la Françoise de La conquête) qu'elle avait récité elle-même ce soir-là devant la caméra de Jean-Claude Labrecque. C'est d'ailleurs ce même Labrecque qui «chauffe le kodak» sur La conquête et à qui l'on doit les magnifiques images de sa ville natale, Québec, où il tourne pour la première fois pour un film de fiction, deux ans avant d'y revenir pour son propre film Les vautours

Pour livrer ces mots écrits par Michèle Lalonde et incarner les deux amoureux fous, Jacques Gagné a réuni deux jeunes comédiens qui viennent de briller dans un univers aux antipodes de celui de La conquête et de ses deux jeunes intellectuels, celui de Tremblay-Brassard : Michelle Rossignol, la Pierrette Guérin des Belles-sœurs, et Gilles Renaud, le Cuirette de Hosanna et d'Il était une fois dans l'Est. L'époque est à la décomplexion de la langue des faubourgs et à la célébration des marginaux dans la culture québécoise, et La conquête ne s'inscrit pas dans cette mouvance. Cela explique-t-il la froide réception reçue à sa sortie en 1973? Sans doute en partie. Mais redécouvrir ce film aujourd'hui nous ramène à cette époque où, avec la jeunesse militante des mouvements de gauche, fleurissait une nouvelle génération d'intellectuels québécois. Alors que les rapports des Québécois avec l'intellectualisme ont toujours été houleux, il n'est peut-être pas étonnant que face à La conquête, on ait peut-être voulu jeter le bébé avec l'eau du bain.
 
La conquête sera présenté à la Cinémathèque québécoise le 16 mai.


Avec Marcel Sabourin, Rémy Girard est sans aucun doute l'acteur ayant joué dans le plus grand nombre de films québécois, soit plus d'une soixantaine. Son premier rôle au cinéma est une savoureuse apparition dans le film La conquête, alors qu'il était étudiant au Conservatoire d'art dramatique de Québec dans sa toute jeune vingtaine.
Filmographie de Rémy Girard
Salle comble à la projection du film Les ordres à la Cinémathèque québécoise

Pour souligner le départ récent de Jean Lapointe, Éléphant a présenté, le 4 avril dernier, Les ordres de Michel Brault, le film dans lequel il a sans aucun doute tenu son rôle le plus mémorable au cinéma, celui du syndicaliste Clermont Boudreau. À notre grand bonheur, la projection affichait complet et le public était composé de cinéphiles de toutes les générations. Un vote à main levée a permis de constater qu'entre le tiers et la moitié des gens présents n'avaient jamais vu le film. Comme quoi les cinéphiles sont encore aujourd'hui curieux de découvrir sur grand écran les œuvres de notre patrimoine restaurées par Éléphant.

En 2020, en plein confinement lié à la pandémie, Éléphant avait souligné les 50 ans de la crise d'Octobre, sans avoir pu organiser de projection des Ordres dû aux mesures de confinement. Cette crise, survenue au mois d'octobre 1970, est certainement un des événements politiques les plus marquants de l'histoire du Québec des 60 dernières années. Elle a mené à de nombreuses arrestations arbitraires de simples citoyens et a secoué tout un peuple, qui s'est senti blessé et humilié et porte encore aujourd'hui les traces de cette blessure. 

À mi-chemin entre la fiction et le documentaire, Les ordres est basé sur le témoignage d'une cinquantaine de personnes emprisonnées à la suite de l'adoption de la Loi sur les mesures de guerre en octobre 1970. Nous suivons cinq personnages construits à partir de ces témoignages, de leur arrestation à leur libération. Le réalisateur du film, Michel Brault, innove en choisissant la couleur pour les moments de fiction, tandis que le noir et blanc très contrasté est réservé aux moments plus réels du film.

En 2020, Éléphant a créé un dossier spécial qui donne la parole à différents artistes et artisans qui se sont intéressés au FLQ et à la crise d'Octobre. Deux interprètes du film, Claude Gauthier et Louise Forestier, ainsi que les cinéastes Mathieu Denis et Félix Rose partagent avec nous certaines réflexions qui nous permettent d'approfondir notre compréhension des Ordres, de découvrir certains secrets de tournage et de voir pourquoi cette histoire humaine aux enjeux universels est aujourd'hui considérée comme un grand film du cinéma mondial.

Accéder au dossier complet Les 50 ans de la crise d'Octobre

Bien que la projection des Ordres visait au départ à rendre hommage à Jean Lapointe, elle était aussi dédiée à la mémoire de Claude Fournier qui, avec Marie-José Raymond, a restauré le film et a beaucoup travaillé à le faire rayonner. Présenté au Festival de Cannes en 1975 où il a obtenu le Prix de la mise en scène, Les ordres y est retourné en 2015 en version restaurée dans la section Cannes Classics. Pour l'occasion, Claude Fournier a tourné un document vidéo, Michel Brault revit à Cannes Classics, dans lequel trois grands créateurs et artisans du film, soit Michel Brault, Claude Gauthier et Jean Lapointe, parlent de leur expérience. Présentée au public avant la projection, cette vidéo constitue un complément parfait au film.


Michel Brault revit à
Cannes Classics (2015)



Entrevue autour du film Les ordres avec Michel Brault, Claude Gauthier et Jean Lapointe.



Voir l'entrevue
Des entrevues de Claude Fournier essentielles à la mémoire de notre cinéma

Au cours des dix ans où il a dirigé Éléphant avec Marie-José Raymond, Claude Fournier a tourné un nombre impressionnant d'entrevues avec les artisans de notre cinéma. 

Plusieurs de ces témoignages ont aujourd'hui pris une grande valeur, puisque de nombreux cinéastes interviewés nous ont quittés au cours des dernières années. 

Voici quelques entrevues réalisées avec des grands noms de notre cinéma :

Michelle Rossignol (questionnaire)
Jean Beaudin (questionnaire)
Denis Héroux (questionnaire)
Jean-Claude Labrecque (questionnaire)
André Melançon (questionnaire)

Michel Brault nous parle de son pire ennemi : le soleil
Michel Brault nous parle de ses angoisses à la caméra

Accéder au dossier complet Apprenez à les connaître

Accéder au dossier complet Confidences et chuchotements
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