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INFOLETTRE
Juillet 2022
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Éléphant à Fantasia

Depuis plus de dix ans, Éléphant présente chaque été quelques films tirés de son répertoire au Festival international de films Fantasia, le plus grand festival de films de genre en Amérique du Nord. Cette heureuse collaboration permet autant au public du festival de revoir sur grand écran des classiques restaurés de notre cinéma que de faire de belles découvertes, parfois surprenantes, d'oeuvres moins connues, voire disparues de l'espace public. Deux longs métrages seront présentés à Fantasia cette année : Bingo (1974), de Jean-Claude Lord, le 21 juillet à 18h30, et Manette (la folle et les dieux de carton) (1967), l'unique long métrage de Camil Adam, le 1er aout à 18h30. Les projections auront lieu à la Cinémathèque québécoise et l'entrée est libre!

Bingo

Tout au long de sa prolifique carrière au cinéma et à la télévision, Jean-Claude Lord, qui nous a quittés au début de l'année, s'est plutôt considéré comme un communicateur de masse que comme un artiste. Ce qu'il aimait avant tout, c'était de raconter des histoires à un grand public.

Son troisième long métrage, Bingo, a connu un grand succès lors de sa sortie en salle en 1974. Bien que ce film politique soit librement inspiré de la crise d'Octobre, Jean-Claude Lord en a écrit le scénario avant même que la crise ait lieu en 1970. Il a dû soumettre ce projet plus d'une fois et connaître d'abord du succès avec Les colombes (1972) pour que Bingo puisse finalement être financé et tourné. En 2020, lors d'une grande entrevue de fond réalisée avec lui, il nous a parlé de la démarche derrière le film :

«La thématique de Bingo est tellement simple : créer le désordre pour pouvoir te faire élire au nom de la loi et de l'ordre. Ça a toujours été. Moi c'était ça qui me motivait dans ce film-là. Et donc je voulais démontrer que même si t'es un jeune plein de bonne volonté pour vouloir changer le monde, tu peux te faire manipuler pareil par des gens qui veulent, justement, t'utiliser à leurs fins. Et ça, ça avait provoqué beaucoup beaucoup de discussion. (…)  À l'époque de Bingo, il y avait des politiciens d'extrême-droite dont les discours étaient écrits par Jacques Matti. Le discours du gars de l'extrême-droite dans Bingo est textuellement copié de ce discours-là.»

Le film met en vedette Réjean Guénette, Anne-Marie Provencher, Jean Duceppe, Claude Michaud et Gilles Pelletier. La projection de Bingo aura lieu le jeudi 21 juillet à 18h30. Elle sera précédée de la remise du prix Denis-Héroux par le Festival Fantasia au producteur Pierre David, qui a notamment produit plusieurs films de Jean-Claude Lord.

Voir les détails sur le site de Fantasia



Très librement inspiré des événements d'Octobre 1970, ce long métrage raconte une histoire d'amour entre deux collégiens : Geneviève et François. À l'occasion d'une grève violente dans l'usine où son père est ouvrier, François se politise et fait la connaissance d'un petit groupe d'activistes. Le jeune étudiant devient rapidement un terroriste sans se rendre compte qu'il est manipulé. 
Fiche du film
Manette (la folle et les dieux de carton)

Au rayon de ces raretés exhumées par Éléphant trône désormais Manette (la folle et les dieux de carton), de Camil Adam, dont la version restaurée sera présentée au Festival Fantasia le 1er août. De Camil Adam, qu'est-ce que l'histoire du cinéma québécois aura retenu? Très peu de choses en fait même si, les caprices de l'ordre alphabétique aidant, il est la première personnalité répertoriée dans le Dictionnaire du cinéma québécois (Michel Coulombe et Marcel Jean). 

On y apprend qu'il fut d'abord musicien avant de travailler comme monteur, notamment auprès de Claude Jutra, puis qu'il a réalisé deux courts métrages, Silence on tourne (1958) et Au plus petit d'entre nous (1962), ce dernier ayant été récompensé au Festival international du film de Montréal. C'est en 1964 qu'il tournera son premier et unique long métrage de fiction, Manette (la folle et les dieux de carton), film qui ne sortira sur les écrans qu'en 1967 et qui s'avérera un échec public. Il s'éloigne ensuite du cinéma et devient éditeur de musique, mais participera tout de même à l'écriture et à la réalisation de quelques scènes du film L'apparition (1972).

Manette (la folle et les dieux de carton) reste sa plus ambitieuse contribution au cinéma québécois, malgré que le film demeure inconnu au bataillon, même pour les plus fervents cinéphiles du cinéma québécois. Produit en totale autarcie en plein cœur des années 60, Manette s'avère un film étonnant pour peu qu'on l'aborde sur une base sociologique et qu'on s'attarde à ses aspects d'expérimentation cinématographique.

Dans un Québec au début de sa Révolution tranquille, Adam crée un personnage de jeune femme dont la quête amoureuse prend plutôt la forme d'une quête spirituelle névrotique, qui la mènera depuis sa découverte de l'orientalisme (via le yoga) jusqu'aux mouvements nationalistes (dans le sillage du RIN), en passant par le sadomasochisme, les plaisirs du yé-yé (Les Baronets) ou des poètes de l'underground (Claude Gauvreau), au choix... C'est touffu et dense, la narration en voix off et la post-synchro déficiente peuvent parfois excéder, mais on y trouve également des moments expérimentaux qui amènent une charge poétique indéniable, comme ce plan kaléidoscopique visiblement inspiré de Vertov, ou encore la scène éthérée des nageuses dans l'eau en image inversée.

Osé, expérimental et bancal, Manette aura été un échec à sa sortie en 1967, mais revoir ce film aujourd'hui nous montre le foisonnement d'une époque où la jeunesse québécoise, récemment libérée de la chape de plomb catholique, se cherche à qui mieux mieux dans des expériences nouvelles, et se tourne vers des idéologies nouvelles. Le film, en esprit, le traduit à merveille, et le personnage de Manette peut être vu comme précurseur de Valérie et des jeunes filles de L'initiation.

Découvrir Manette, c'est se plonger dans une espèce de fracture avant-gardiste du milieu des années 60, celle qui délimite le passage de la Grande Noirceur vers la Révolution tranquille, mais aussi celle qui sépare les premiers films de Jutra et de Groulx de ceux de Héroux. Ce plongeon dans un film où la morale ambiguë et les quelques moments de grâce se vautrent dans une narration désordonnée en réjouira plusieurs, comme en exaspérera certains. C'est le propre des œuvres baroques… 

Le film met en vedette Mariette Lévesque, Léo Ilial, Yvan Canuel et Jen Roger. La projection de Manette aura lieu le lundi 1er août à 18h30.

Voir les détails sur le site de Fantasia
 

Manette (la folle et les dieux de carton) est un film insolite sur la quête spirituelle et amoureuse d'une jeune femme aux moeurs libres dans un Québec au balbutiement de sa Révolution tranquille. En convoquant tour à tour Sade, Claude Gauvreau, les Baronets et le Hatha yoga, Manette étonne par son exploration de thèmes précurseurs pour son époque  et porte en lui les idées à la mode et le renouveau spirituel des années 60. 
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